Une nouvelle étape dans la contraception est désormais franchie avec la mise sur le marché depuis le 1er octobre 2009 d’un nouveau contraceptif d'urgence EllaOne. , efficace à plus de 97% jusqu'au cinquième jour suivant le(s) rapport(s) sexuel(s). L'autorisation de mise sur le marché a été obtenue fin mai.
Les boîtes contenant un unique petit cachet blanc seront alors immédiatement commercialisées.
Gros point noir pour le laboratoire et les professionnels de la contraception comme les infirmières scolaires, il faudra en passer par une ordonnance. Les responsables de HRA Pharma ont bataillé au ministère de la Santé, en vain : « C'est un vrai retour en arrière par rapport au Norlevo [pilule du lendemain déjà commercialisée par ce laboratoire, ndlr] qui était en vente libre dès sa mise sur le marché » :
« Mais EllaOne est fabriquée avec une molécule complètement inédite, jamais utilisée pour aucune indication -l'Ulipristal- beaucoup plus efficace que le levonorgestrel que l'on trouve dans le Norlevo. Nos études cliniques -menées sur 4 000 femmes- montrent que c'est un produit génial, extrêmement efficace, aussi bien toléré que le Norlevo. Nous nous battrons pour qu'il soit en vente libre le plus vite possible. »
En revanche la procédure permettant le remboursement par la sécurité sociale « est en bonne voie ». Il vaut mieux pour tout le monde, car le prix d'EllaOne sera, bien plus élevé que celui du Norlevo vendu à 7,60 euros et remboursé. Le laboratoire, qui n'a pas bouclé les négociations, assure tout de même que ça sera « environ 30 euros ».
EllaOne peut être prise pendant les cinq jours suivant le(s) rapport(s) sexuel(s), contre trois jours pour le Norlevo. Elle semble beaucoup plus performante que le Norlevo, dont l'efficacité passait de 95% durant les premières 24 heures à 58% au bout de deux jours. Les essais menés avec EllaOne montrent une efficacité constante de 97,5% pendant 120 heures (soit la durée de vie des spermatozoïdes). De quoi se retourner et affronter plus sereinement tous les ponts (ascension, 15 août, jour de l'an, etc) de l'année.
Très concrètement, EllaOne est à avaler en cas de risque de grossesse franc et massif, mais aussi en cas de gros doutes : pilule oubliée ou vomie, capote de travers, nuit d'ivresse amnésique. Pour toutes les femmes qui pratiquent la pilule du lendemain de façon répétée et délibérée, elle apportera encore un peu plus de souplesse. L'Inserm range ces dernières dans la catégorie des personnes ayant une « sexualité occasionnelle ou irrégulière » qui ne veulent pas s'imposer une contraception régulière (hormonale ou stérilet) et qui « se débrouillent ».
A l'instar du Norlevo et de toutes les pilules, EllaOne ne protège pas des maladies sexuellement transmissibles, rappellent instamment les gynécologues. Trop évoquer les bienfaits de la contraception d'urgence pourrait remettre en cause ces deux acquis formidables que sont sa délivrance sans ordonnance et la gratuité pour les mineurs, ajoutent-ils. « Il suffit juste de répéter que les rapports sexuels avec des partenaires épisodiques sont les plus à risque, rappelle Elisabeth Aubeny.
La plus grande efficacité de EllaOne tient à son principe actif l'ulipristal acétate. Le Norlevo, lui, est à base de levonorgestrel. Tous deux ont été mis au point et commercialisés par HRA Pharma, pionnier dans la contraception d'urgence. André Ulman, son directeur général (et féministe) a bataillé à la fin des années 90 pour que le Norlevo soit mis en vente, puis en vente libre sans ordonnance. En juin 1999, la France a été le premier pays au monde à offrir cette liberté, sous l'impulsion de Martine Aubry et Bernard Kouchner. Entre 1,2 et 1,3 millions de comprimés de levonorgestrel sont vendus chaque année dans l'Hexagone, alors que les besoins en contraception d'urgence sont évalués à 25 millions.
Il existerait encore de rares pharmaciens et quelques médecins pour raconter aux trop bonnes clientes que la contraception hormonale d'urgence rend stérile (menace mensongère numéro un), qu'elle favorise ultérieurement les grossesses extra-utérines, donne des boutons, fait grossir.
La littérature médicale est formelle : il n'existe aucune complication ni contre-indication à la prise de EllaOne -sauf allergie à l'ulipristal- moins nocif aux yeux des spécialistes des maladies cardio-vasculaires, que la prise d'hormones à long terme avec la pilule classique. Nathalie Bajos expliquait dans l'hebdomadaire Elle les raisons de ces réticences :
« Il existe en France une norme extrêmement prégnante : une femme doit planifier, contrôler sa contraception et sa sexualité, ne pas se laisser déborder. Celle qui vient chercher la pilule du lendemain est déviante, car elle a failli dans cette gestion raisonnable. Celle qui la prend plusieurs fois de suite, elle est déviante de chez
déviante, elle est débridée. »
Pour les « débridées » comme pour les victimes de rupture de capote, le prochain combat sera donc celui de la vente libre de EllaOne. En attendant qu'arrive sur nos étals la Rolls des pilules, ainsi décrite par le docteur Elisabeth Aubeny : « Un produit extrêmement efficace à prendre juste avant ou après le rapport sexuel. »
HRA Pharma travaille actuellement sur ce bijou avec l'aide d'un institut de développement américain.
N’oublions que la Contraception en France est autorisée seulement depuis 1967 sans l’accord du conjoint ce qui ne remonte pas à si longtemps … !!!